Toute la difficulté du travail des autorités organisatrices de la mobilité tient dans une articulation indispensable entre les usages actuels, divers et instables, et les usages futurs que les défis environnementaux, les besoins socio-économiques et les dynamiques démographiques imposeront. Cette équation difficile à résoudre pose un certain nombre de problématiques et de questions aux collectivités territoriales en charge des politiques publiques de mobilité. Les Intermobil-Idées ont pour objectif d’aborder ces enjeux protéiformes sous un angle prospectif.
Organisé à Paris les 9 et 10 novembre derniers, ce nouveau rendez-vous du GART a tenu toutes ses promesses ! Pour cette première, l’évènement a réuni une soixantaine de directeurs, responsables et techniciens de la mobilité autour du thème « La mobilité au cœur des politiques publiques ». À travers quatre ateliers thématiques, élus, techniciens, géographe, philosophe et autres experts reconnus ont partagé leurs connaissances et apporté des clés de compréhension auprès des participants présents pour l’occasion.
Le président du GART, Louis Nègre, accompagné du président du Conseil scientifique de l’association, Bernard Soulage, ont inauguré cette première édition en présence de l’équipe permanente. Une matinée d’échanges offrant un moment privilégié entre le GART et ses adhérents.
Mieux saisir les besoins et les enjeux spatiaux et temporels des transports au sein des territoires, telle est la problématique à laquelle le premier atelier de ces Intermobil-Idées s’est consacré. Rennes Métropole et Nancy Métropole ont chacune partagé leurs retours d’expérience dans ce domaine. À ce titre, le GART appelle à la création d’un bureau des temps à l’échelle nationale, déconcentré à l’échelle départementale ou régionale, ayant pour finalité de travailler collectivement à l’optimisation de ces rythmes. Cela permettrait de lisser la fréquentation des transports et des réseaux routiers sur la journée, d’optimiser les ressources humaines et matérielles, et d’améliorer les problèmes de congestion urbaine par des solutions de mobilité partagées, efficientes et accessibles à tous.
Le second atelier a porté la réflexion sur les leviers à actionner en matière de mobilité pour réenchanter le cadre de vie. En effet, adapter les mobilités aux besoins de chacun ne peut se faire que dans une ville adaptée aux mobilités. Les intervenants de cette table ronde ont souligné la nécessité de réinterroger nos pratiques actuelles en matière de planification, d’aménagement, de gestion de l’espace public, de place accordée aux modes actifs et de gestion du stationnement. Sur le plan de l’aménagement urbain en particulier, les solutions de transport ne peuvent plus être pensées a posteriori. Faire la ville durable suppose en effet un dimensionnement des infrastructures en amont, et l’articulation de l’ensemble des plans et schémas qui guident les politiques publiques locales (transport, développement économique et emploi, habitat et logement…).
Exemple concret de cette démarche, le Syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération Clermontoise a présenté « InspiRe », un projet de restructuration du réseau de transport en commun de Clermont Auvergne Métropole qui permettra d’en augmenter les usages en proposant une alternative crédible à la voiture, tout en réduisant l’impact carbone du territoire et en améliorant le cadre de vie.
Deux ateliers ont rythmé la deuxième journée des Intermobil-Idées. Le premier « Faut-il renforcer la démocratie participative pour mieux appréhender les attentes des usagers ? » avait pour grand témoin, Pierre-Henri Tavoillot, philosophe et auteur de plusieurs essais politiques. La Métropole Rouen Normandie a présenté son outil de démocratie participative : le Conseil de développement durable (CDD). Une instance de concertation ayant une vocation de rencontre, de dialogue et de débat. Elle permet d’éclairer la décision publique, avec les points de vue, les idées, les propositions, l’expérience d’une diversité d’acteurs, et donne ainsi une dimension prospective à l’action publique.
Axé sur un angle davantage juridique, le deuxième atelier était consacré au développement des autorités organisatrices régionales, vecteur de coopération avec les autorités organisatrices locales, avec l’intervention de Grégory Kalflèche, professeur de droit public à l’université de Toulouse 1 Capitole et membre du Conseil scientifique du GART. Cette table ronde a été l’occasion de rappeler les initiatives de notre association menées en matière de concertation régionale et de relations partenariales, et l’exemple réussi du GART Occitanie.
Ces deux journées d’échanges et d’expertise organisées par le GART se sont clôturées par une visite technique du projet EOLE (Est-Ouest Liaison Express) et la visite du chantier de la future gare de Porte Maillot (Paris). En effet, la ligne E du RER francilien est actuellement prolongée de 55 kilomètres vers l’ouest Francilien pour une mise en service prévue en 2024.
Le GART remercie chaleureusement l’ensemble des intervenants et des participants ayant contribué au succès de cette première édition qui en appellera d’autres !