Après la Région Occitanie en 2021, direction Auvergne-Rhône-Alpes pour l’édition 2023 des Rencontres nationales du transport public (RNTP). C’est à Clermont-Ferrand que se déroulera le rendez-vous stratégique des acteurs de la mobilité durable, du 17 au 19 octobre prochains, au Parc des expositions la Grande Halle d’Auvergne. Les RNTP 2023 investissent un territoire engagé dans un ambitieux programme de développement de la mobilité, avec la participation des décideurs institutionnels locaux, Clermont Auvergne Métropole et le Syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération Clermontoise.
Louis Nègre, président du GART, s’exprime sur les enjeux de cette édition 2023.
Lors de la grande conférence inaugurale des RNTP le 17 octobre prochain, vous aurez l’occasion d’échanger avec le ministre délégué chargé des Transports. Quelles sont vos priorités ?
Depuis des décennies, les transports sont vus comme un complément, une conséquence d’autres politiques publiques. Ils devraient être une priorité, voire un préalable. Aujourd’hui, face à l’urgence du changement climatique, la mobilité doit être placée au cœur des politiques publiques et doit ainsi devenir l’un des chantiers prioritaires du quinquennat. La consolidation du modèle économique des autorités organisatrices de la mobilité constitue l’une des priorités pour atteindre cet objectif. La mobilité de demain se décide aujourd’hui dès lors que les projets de transport nécessitent un temps certain entre la prise de décision et la mise en exploitation au profit de nos concitoyens. Il est donc primordial que l’État facilite ces prises de décision en assurant aux collectivités un financement à la hauteur des enjeux climatiques, économiques et de santé publique qui nous font face.
La décarbonation des mobilités, et plus spécifiquement son rythme, constitue également une priorité. Nous avons appris que la Commission européenne, dans sa proposition législative publiée le 14 février 2023, exige que tous les nouveaux bus urbains vendus dans l’Union européenne soient zéro-émission dès 2030. Cette initiative nous inquiète dans la mesure où le rythme imposé par ce texte expose le transport public urbain à un risque de vulnérabilité économique et soulève des interrogations quant à sa faisabilité. Aux côtés de l’UTP et de la PFA, nous avons fait part à la Première ministre de nos réserves sur ce sujet. Nous plaidons pour une trajectoire ambitieuse mais plus respectueuse du principe de neutralité technologique, en fixant des objectifs de -80% en 2030 et -90% en 2035, avec la possibilité d’une clause revoyure pour fixer d’ici là l’objectif chiffré à l’horizon 2040.
Enfin, nous évoquerons avec le ministre le titre unique. Il s’agit d’une initiative importante pour offrir à chacun de nos concitoyens, un accès simplifié et facile à l’ensemble de l’offre publique de mobilité, sans qu’il soit nécessaire, comme c’est le cas aujourd’hui, de s’adapter à la diversité des supports et des titres propres à chaque réseau de transport. Ce projet concerne aussi bien les déplacements quotidiens, comme le domicile-travail notamment, que les déplacements ponctuels. Les Rencontres nationales du transport public nous donneront l’occasion d’enrichir les échanges sur ce sujet.
À l’occasion de votre Assemblée générale 2023, vous avez annoncé que le GART travaillait sur un ensemble de propositions pour consolider le modèle économique de la mobilité. Où en êtes-vous dans cette démarche ?
Cette initiative découle d’un constat simple : les collectivités peinent à dégager des moyens financiers pérennes auprès de l’État alors qu’elles font face à un « mur d’investissement » nécessaire au développement des mobilités du quotidien. Nous souhaitons que les autorités organisatrices de la mobilité disposent de recettes suffisantes afin de conduire au sein de leurs territoires des politiques de mobilité plus ambitieuses pour répondre aux besoins de nos concitoyens. Au regard des enjeux climatiques et socio-économiques que nous concernent tous, il est essentiel que l’État garantisse la pérennité du modèle de financement de nos autorités organisatrices de la mobilité en faisant évoluer leurs ressources actuelles ou en leur accordant des ressources complémentaires. Missionné par les élus de notre Conseil d’administration, le Conseil scientifique du GART a mené une réflexion sur ce sujet ces derniers mois qui fera l’objet, après examen par le Conseil d’administration, d’une communication dans les prochaines semaines.
200 exposants ont répondu à l’appel, des start-up aux leaders du marché. Quel message souhaitez-vous leur adresser ?
Les Rencontres nationales du transport public représentent une belle opportunité d’échanges et de visibilité pour les acteurs de la filière. Les autorités organisatrices de la mobilité répondront présentes à l’occasion de cette édition clermontoise aux côtés des opérateurs, des constructeurs, des industriels et de tous celles et ceux qui font avancer la mobilité durable dans notre pays. Élus et techniciens issus des collectivités arpenteront les allées du salon pour découvrir les dernières solutions proposées par le secteur. Certains auront l’occasion de partager leurs retours d’expériences lors du Congrès que nous organisons conjointement avec l’UTP sur les enjeux du moment. Les exposants sont fidèles aux Rencontres et nous le prouvent à chaque édition. Les 200 exposants sont les bienvenus pour atteindre les objectifs environnementaux que notre pays s’est fixé. Ils sont pleinement investis pour proposer des solutions de mobilité toujours plus décarbonées, moins énergivores et plus durables. L’innovation fait ainsi partie de l’ADN de notre événement. Cette édition 2023 des Rencontres le prouvera une nouvelle fois !
Pour faire écho au Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, les visiteurs pourront participer à une conférence sur les transports publics et le cinéma. Avez-vous un film à nous conseiller pour faire passer le trajet en train jusqu’à Clermont-Ferrand ?
Pour venir à Clermont-Ferrand en train depuis Cagnes-sur-Mer, il faut plus de 6 heures et, depuis Paris, près de 3h30. Il s’agit donc d’une bonne destination pour les cinéphiles car ils vont pouvoir visionner plusieurs films au cours de ce genre de voyage… Mais comme cette conférence associe les transports publics et le cinéma et que le voyage est donc suffisamment long, je vais vous en donner deux pour le prix d’un ! Alors je commencerais bien par « Le Crime de l’Orient Express » de Sidney Lumet (1975). Puis, pour changer complètement de style et parce qu’il décrit un superbe voyage dans une navette de transport spatial Terre-Lune ouverte au plus grand nombre, je continuerai par le célébrissime « 2001, l’Odyssée de l’Espace » de Stanley Kubrick (1968). Au total, 4h30 de visionnage soit largement de quoi passer le temps de ce voyage sans omettre de jeter un œil à l’extérieur pour admirer les beaux paysages de notre pays.