Ces trois jours de visite ont permis de mieux appréhender l’organisation de la mobilité au sein de cette métropole qui se caractérise par une très grande densité et où les modes actifs, marche à pied, en tête, représentent 50 % de la part modale.
Les échanges avec la ville de Barcelone ont porté essentiellement sur la politique de réaménagement urbain autour de la question des superblocks initiés en 2017. Cette nouvelle organisation urbaine vise à réduire la circulation automobile dans certaines zones de la ville, en créant des espaces publics plus larges, plus verts et plus conviviaux pour les habitants.
Les superblocks sont composés de plusieurs blocs carrés issus de l’organisation quadrangulaire découlant de la mise en œuvre du plan hippodamien proposé par l’urbaniste Ildefons Cerdà en 1860.
Ces blocs sont reliés entre eux par des rues périphériques où circulent les véhicules. Les rues internes sont réservées aux piétons, aux cyclistes et aux transports publics, à une vitesse limitée de 10 km/h. Les intersections sont transformées en places, en jardins, en terrains de jeux ou en équipements communautaires. Les superblocks visent à améliorer la qualité de l’air, à réduire le bruit, à favoriser la biodiversité, à promouvoir la mobilité active, à renforcer le lien social, à stimuler l’économie locale et à augmenter la sécurité et la santé des citoyens.
Le projet des superblocks a été lancé en 2016 par la municipalité de Barcelone, dans le cadre du Plan de mobilité urbaine 2013-2018. Il s’inspire d’expériences antérieures, comme le quartier de Gràcia, où la circulation a été restreinte dans certaines rues depuis les années 1980. Le premier superblock a été mis en place dans le quartier de Poblenou, dans le district de Sant Martí.
Il a suscité, à l’origine, des réactions contrastées, entre les partisans du changement et les opposants qui craignaient un moindre confort dans leur déplacement ou une perte de rentabilité pour les commerçants situés à l’intérieur des Superblocks. Le projet a donc été ajusté en fonction des besoins et des demandes des habitants, en impliquant les acteurs locaux dans le processus de conception et d’évaluation. D’autres superblocks ont été progressivement mis en œuvre dans d’autres quartiers de la ville, comme Sant Antoni, Horta ou l’Eixample. Le plan prévoit de créer 503 superblocks à l’horizon 2030, couvrant la quasi-totalité du territoire urbain.
Avec la Genaralitat de Catalunya, la délégation du GART a pu aborder la délicate répartition des compétences entre la Generalitat, la Ville de Barcelone et l’État central. Contrairement à la France, l’agglomération de Barcelone dispose de peu de compétences en matière d’organisation de la mobilité, l’essentiel des politiques publiques sur ce secteur étant porté par la ville.
En matière de financement, plusieurs pistes ont été évoquées, notamment une fiscalité sur la livraison des marchandises en ville, au travers la volonté d’instaurer une taxe dite « Amazon ». Cette dernière n’a pas pu être réellement expérimentée à la suite d’une décision de justice mettant un terme à ce dispositif.
Sur le plan opérationnel, deux entreprises publiques interviennent sur le territoire de Barcelone, les FGC et TMB.
Entreprise ferroviaire catalane dont le siège social se situe à Barcelone, les FGC sont une société publique, propriété de la Généralitat de Catalogne, créée en 1979. FGC exploite les 300 kilomètres de lignes régionales et urbaines du territoire catalan. Son activité s’étend également à des lignes d’autobus en correspondance avec les lignes ferroviaires. Elle exploite également 4 lignes de métro sur le territoire de Barcelone. Le trafic annuel s’élève à environ 32 millions de voyageurs. L’effectif du personnel est d’environ 1300 salariés. Récemment, la Commission européenne a décidé de soutenir financièrement le projet hispano-français de relation transfrontalière interrégionale Catalogne-Occitanie, porté par FGC.
TMB (Transports Metropolitans de Barcelona), entreprise de transport public dépendant de la mairie de Barcelone, est le pendant barcelonais de FGC. Elle correspond à une dénomination commune utilisée par les entreprises Ferrocarril Metropolità, S.A. et Transports de Barcelona, S.A. depuis 1979. Avec 8693 employés, TMB assure l’exploitation de la majeure partie du métro, et le funiculaire de Montjuïc, soit 121,4 kilomètres de voies et 165 stations. L’entreprise gère également un vaste réseau d’autobus à travers l’agglomération. Ses 101 lignes représentant environ 829,68 kilomètres de tracé – dont 211,72 kilomètres de voies réservées – peuvent être empruntés avec l’un des 2 590 arrêts disséminés sur le territoire. En 2022, 549 790 000 voyageurs ont été transportés par TMB, un nombre qui reste inférieur de 80 millions par rapport à 2019, avant la crise sanitaire.
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